Ce Lundi 18 Novembre 2013 était jugé l’un d’entre nous, Padrig, militant d’Ai’ta ! Jugé en appel à Rennes, on lui reprochait le collage d’autocollants « E brezhoneg ! » (En breton) sur des panneaux de son secteur, encore non bilingues. Il avait été jugé en première instance à 7500€ d’amendes et de dommages et intérêts sans pouvoir se défendre, étant en formation loin de chez lui à l’époque.
Le point de vue d’Ai’ta ! sur l’affaire
Imaginez notre étonnement lorsque nous avons appris la dureté de la sentence en première instance. Face à cette peine non avenue, disproportionnée de surcroit, le collectif devait frapper fort ce 18 novembre. Ai’ta ! a organisé un grand rassemblement de soutien avec l’aide de la nouvelle association de soutien Mignoned Ai’ta ! (faire lien) (100 personnes le matin du 18 Novembre à Rennes) et mettre devant leurs responsabilités à l’égard de la langue bretonne Raymond Peres Maire de La Foret- Fouesnant, Roger le Goff, Maire de Fouesnant, Pierre Maille Président du Conseil Général du Finistère. Et nouveauté, Benodet ? Mais pas de dommages et intérêts demandés pour ceux là.
Au sujet de l’action de notre militant, nous appelons tout le monde à reproduire son geste ! Nous appelons à un collage massif d’autocollants sur toutes les signalisations ignorant notre langue ainsi que sur les institutions que ne s’engagent pas dans une politique linguistique à même de donner un avenir à la langue bretonne ! Plusieurs arguments nous y autorisent et légitiment nos actes de désobéissance civique :
- La langue bretonne est la langue du pays,
- Nous réclamons du respect pour notre langue. Si elle n’est pas présente dans l’espace public elle est condamnée. Lui donner sa place dans l’espace public c’est lui assurer un statut stable et ouvrir la voie de l’officialisation,
- Nous sommes des êtres humains et à chaque fois qu’un bretonnant croise un panneau non bilingue en Bretagne il peut légitimement se sentir “offensé”. On ne peut en outre parler d’attaque pour un panneau revêtu d’un simple sticker, ce n’est qu’en définitive qu’un simple morceau de taule…
- C’est une affaire de droit international : par notre lutte pour la langue bretonne nous exigeons le respect de la charte de l’UNESCO sur la diversité culturelle ratifié par la France en 2005 !
La suite et les autres affaires en cours
La cour d’appel de Rennes rendra son délibéré le Lundi 9 Décembre 2013. L’association Mignoned Ai’ta ! et le collectif Ai’ta ! appellent à nouveau à un large rassemblement de soutien à 8h30 devant le parlement de Bretagne à Rennes. S’il s’avérait que la peine et les dommages et intérêts étaient maintenus en l’état, nous aurons le devoir de nous faire entendre !
Ai’ta ! subit égalment une pression judiciaire dans le Morbihan où un procès se tiendra le vendredi 13 Décembre 2013 au tribunal de Police de Lorient. Rendez-vous y est donné à tous les militants à 8h30. Dans cette affaire qui concerne un jeune militant, la Mairie d’Erdeven avait également portée plainte pour des autocollants sur des panneaux. Mme Le Maire avait retirée sa plainte face à la contestation locale mais le procureur de la République, en serviteur de l’Etat central ne l’a pas entendu ainsi et a souhaité maintenir les réquisitions contre le militant et son combat pour la langue bretonne.
Ce Lundi 18 novembre fut le jour d’un procès symbolique !
Symbolique car nous étions tous fier d’y représenter les bretonnants ! C’était également ce que l’on peut qualifier de « beau procès » car Padrig nous a représenté humblement en voulant parler breton devant la cour, ce qui lui a été refusé. Ce fut un « beau procès » car tous les soutiens portaient en eux la fierté d’un peuple qui ne veut pas s’éteindre. Ce fut un « beau procès » car les plaidoiries des témoins de moralités appelés à la barre furent fortes, émouvantes parfois mais surtout fondées sur le principe du droit imprescriptible à s’exprimer dans la langue de son peuple. Les témoins, Christian Troadec, Tangi Louarn,Yorann Delacour et Jean Ollivro ont démontré le bien fondé de l’action du collectif . Enfin, ce fut un beau procès grâce à la synthèse et à la force de plaidoirie de Maître Le Moigne, avocat-militant de Skoazell Vreizh qui a entamé ses conclusions en rappelant qu’en tant qu’avocat du barreau de St Nazaire, plaidant en cours d’appel de Rennes aux côtés d’un militant linguistique breton, quoi de plus beau symbole, non?
Maître le Moigne a demandé la relaxe en invoquant la liberté d’expression, “l’état de nécessité” qui signifie qu’Ai’ta ! a été contraint de mener cette action pour obliger le département du Finistère à appliquer se propre politique linguistique votée par délibération de son conseil en 1986 et 1990 (point exposé par Christian Troadec, conseiller général du Finistère).
Lors du procès, nous avons aussi appris de la bouche de l’avocate du Conseil Général du Finistère, que de toute façon, après cette action, les panneaux ciblés avaient été remplacé et mis en breton… le collectif n’a alors fait qu’aider les services techniques à repérer leurs panneaux non conformes aux délibérations de 1986 et 1990 !
Un militant du collectif Ai’ta! en procès à Rennes/Roazhon | TVR 35
L’analyse d’Ai’ta !
Pour nous ce procès est une attaque politique ! En effet, est-ce que l’avocat général et la justice poursuivent les partis politiques ou les syndicats qui collent leurs affichettes à droite ou à gauche ? Evidemment non ! Par contre les militants de la diversité culturelle que nous sommes, désobéissants civiques certes, mais non violents, sont quant à eux poursuivis et condamnés à des amendes extravagantes.
Mais en ce Lundi 18 Novembre, ce n’étaient pas des militant-es affaiblis-es qui comparaissaient, mais des bretonnants-es fiers-es, heureux-ses de leur légitime combat et motivés-ées pour continuer la lutte pour la reconnaissance de la langue bretonne. Ce juste combat nous le mènerons jusqu’à obtenir l’officialisation de la langue bretonne en Bretagne. C’est le combat d’un peuple qui veut offrir un avenir à sa culture, à sa jeunesse et à sa “clef d’or”, sa langue.
Vous pouvez aider en donnant à l’association Mignoned Ai’ta ! :
Mignoned Ai’ta ! 5, rue du golfe – 56860 SENE
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