Un militant du collectif Ai’ta ! est convoqué le 18 novembre prochain par la cour d’appel de Rennes pour être jugé pour « affichage sur équipement concernant la circulation routière ». Lors d’un premier procès en décembre 2012, ce militant avait été condamné, sans avoir pu se défendre, à plus de 7 000 euros d’amende pour avoir apposé des autocollants « E brezhoneg ! » sur la signalétique monolingue des communes de Fouesnant et La Forêt Fouesnant (29). Le collectif Ai’ta ! dénonce vigoureusement ce jugement politique et, dans une période où se joue l’avenir de la langue bretonne, exige la relaxe du militant incriminé. Ai’ta ! appelle l’ensemble des Bretonnes et des Bretons soucieux de l’avenir de notre langue à se mobiliser fortement pour dénoncer cette injustice et soutenir l’action d’Ai’ta ! sans restriction. Un rassemblement de soutien est d’ores et déjà prévu devant le parlement de Bretagne à Rennes le matin du procès, dès 8h30.
L’origine de l’affaire
Depuis plusieurs années déjà, les militants et sympathisants du collectif Ai’ta ! utilisent des autocollants « E brezhoneg ! » afin de dénoncer l’absence de prise en compte de notre langue dans la vie publique et exiger, entre autre, que le breton ait toute sa place dans les signalétiques. C’est pour des autocollants de la sorte apposés sur des panneaux des communes de Fouesnant et la Forêt-Fouesnant qu’un militant du collectif Ai’ta ! a été appréhendé par la gendarmerie fin 2011. En premier lieu, la mairie de Fouesnant lui avait adressé une facture pour « frais de nettoyage ». Ai’ta ! avait alors réagi en organisant un rassemblement et une action dans la mairie de Fouesnant. Le maire, Roger Le Goff (UMP), avait fini par accepter de recevoir le collectif lors d’une réunion ultérieure qui s’était soldée par l’engagement à rencontrer l’Office Public de la Langue Bretonne afin de faire progresser la place de la langue bretonne sur la commune, ainsi que l’arrêt de toute poursuite contre le militant d’Ai’ta ! incriminé.
Jugé en son absence !
Roger Le Goff, brittophone de naissance, manie actuellement la langue de bois avec plus de facilité que la langue de ses parents. En effet, courant 2012, force était de constater que la signature de la Charte « Ya d’ar brezhoneg » à Fouesnant n’était pas à l’ordre du jour, mais également que les poursuites contre Ai’ta ! étaient quant à elles bien d’actualité. Le militant mis en cause se voyait convoqué devant le tribunal de Quimper. Celui-ci ayant demandé un report, c’est début 2013 qu’il s’y est rendu, accompagné de soutiens, pour entendre que… son cas avait déjà jugé en son absence, et qu’il était condamné à plus de 7 000 euros : une amende de 1000 euros, 1690,60 euros en dommage et intérêts à la commune de Fouesnant, 2439,84 euros à la commune de la Forêt-Fouesnant, 574,18 euros au Conseil Général du Finistère, et, cerise sur le gâteau, 1500 euros de frais de procédure ! Le collectif Ai’ta ! a donc fait appel de cette décision de « justice ».
Casser le militantisme pro langue bretonne.
Tout au long de l’année 2013, les militants d’Ai’ta ! ont tenté de régler cette affaire de façon diplomatique, en écrivant tout d’abord à l’ensemble des élus concernés, la plupart n’étant pas même au courant de cette histoire. Puis, à force d’insister, nous pûmes rencontrer chacun à leur tour les principaux protagonistes de ce dossier. Roger Le Goff, maire de Fouesnant, essaie à son habitude de noyer le poisson ; Raymond Peres, maire de la Forêt Fouesnant, met en avant sa « fibre naturelle » pour la culture et la langue bretonne, mais décide… de ne rien décider sans s’être concerté avec son homologue de Fouesnant ; enfin, Pierre Maille, président du Conseil Général du Finistère (PS), au grand étonnement d’Ai’ta, en fait « une question de principe », que « sûrement, on pourrait faire plus de choses pour le breton, mais ce n’est pas pour autant qu’on le fera ! » et qu’au final refuse de faire quoi que ce soit, pas même de prendre en compte la situation précaire du militant condamné.
- Raymond Peres
- Pierre Maille
- Roger Le Goff
Le collectif Ai’ta ! dénonce donc l’injustice du jugement rendu à Quimper et le cynisme des élus concernés, quelle que soit leur couleur politique et les fonctions qu’ils exercent. Injustice car le militant incriminé ne demande qu’une chose : que ses droits élémentaires, ceux de pouvoir utiliser sa langue au quotidien dans son cadre de vie, soient respectés… ce que l’Etat français, qui se targue d’être la patrie des Droits de l’Homme, continue de refuser obstinément aux Bretons. Injustice encore car le militant en question ne saurait être tenu pour seul responsable des actes qui lui sont reprochés, nombreux sont ceux qui, en Bretagne ou ailleurs, se servent d’autocollants pour faire avancer leurs causes sans que pareilles charges ne soient retenues contre eux. Nous avons la conviction que l’Etat, par le biais de son appareil judiciaire, se sert du cas présent pour faire un exemple et casser la dynamique d’Ai’ta ! et toute revendication militante concernant la langue bretonne. Injustice enfin puisque la personne en question n’a pas même eu l’occasion de se défendre!
Une association de soutien « Mignoned ar brezhoneg »
Une association de soutien vient d’être créée avec pour but principal de d’apporter une autre notoriété au combat mené pour la langue bretonne. «Mignoned Ai’ta !» est une association loi 1901 dont l’objet est de « promouvoir, soutenir et défendre la langue et la culture bretonnes et d’apporter son soutien actif aux militants et aux autres associations dont l’action correspond à ces objectifs ».
Indépendante sur le plan légal du collectif « Ai’ta ! », cette association a pour vocation, outre d’être une association de soutien, un outil pour élargir le combat pour promouvoir la langue bretonne dans la vie publique à des personnalités issues de la société civile.
http://www.facebook.com/mignoned.ai.ta
Justice pour notre langue, mobilisons-nous !
Nous appelons tous ceux qui refusent une telle parodie de justice et qui veulent que notre langue vive à nous apporter sans délai leur solidarité et leur concours, en contactant Ai’ta ! (contact@aita.bzh) pour plus d’informations, et en se rendant le 18 novembre prochain devant le Parlement de Bretagne afin de soutenir le militant lors de son jugement, à 8h30 du matin.