Le 7 juillet dernier, le collectif Ai’ta! avait rendez-vous avec la direction régionale de la SNCF et de Gares et connexion Bretagne (organisme gérant les gares) pour échanger sur la nouvelle signalétique de la SNCF qui devrait être déployée dans l’ensemble des gares bretonnes avec l’arrivée de la nouvelle ligne TGV en 2017. À cette occasion le collectif a fait face à un mur.
Le projet actuel de la SNCF est une véritable régression. Celui-ci prévoit que la langue bretonne soit partiellement traduite (au même niveau que l’anglais), écrite dans une taille de caractère très inférieure aux mentions en langue française reléguant ainsi le breton au rang de langue étrangère sur son propre territoire.
Malgré de nombreux courriers envoyés à la SNCF par des collectivités locales (Redon, Quimper, Quimperlé, Guingamp…), l’appui d’une quinzaine de députés et sénateurs et une motion du Conseil Culturel de Bretagne, la SNCF reste sourde à la demande légitime de mise en place d’une signalisation bilingue paritaire français-breton.
La SNCF rejette cette demande en bloc au motif qu’elle doit respecter « les principes fondamentaux de lisibilité et de compréhension des personnes fragilisées par des troubles visuels ou cognitifs » . Mais l’entreprise est dans l’incapacité de prouver en quoi une signalisation paritaire bilingue francais-breton appliquée suivant la charte de la SNCF entraînerait une difficulté de lecture pour un public en situation de handicap.
Elle balaye également d’un revers de main les expériences de signalisation bilingue paritaire déjà réalisées dans la gare de Landerneau depuis 2008 et plus récemment dans les gares TER de Montreuil-sur-Ille, Montauban de Bretagne et Yffiniac, travaux réalisés par la région.
Une « charte » de la SNCF mise en place en concertation avec des associations d’handicapées sur Paris, dont nous respectons l’objet, sert aujourd’hui de prétexte à un refus de prise en compte réelle de la langue bretonne sur son propre territoire.
Lors de notre rencontre avec la région, la semaine dernière, nous avons également signifié notre opposition à ce projet. Nous appelons la région à clarifier sa position sur ce projet en le refusant clairement dans sa forme actuelle, et à défendre un projet conforme aux positions prises par ses élus.
Notre combat ne s’arrête pas à la « taille des caractères » : ce que nous demandons n’est ni plus ni moins une reconnaissance réelle pour notre langue (et non une place folklorique) dans le cadre du chantier Bretagne à Grande Vitesse.
Ce mépris envers la langue bretonne, ses locuteurs et l’ensemble des Bretons qui y sont attachés est inacceptable, et nous attendons de la SNCF qu’elle revoie sa copie rapidement pour enfin correspondre aux standards européens en matière de respect des langues minoritaires et être à l’écoute de ses usagers (voir ici le dossier complet remis à la direction de la SNCF).