avis CCB ali KSBLettre ouverte aux élus-es de Bretagne et aux candidats-es aux élections régionales de décembre 2015
Demat deoc’h,
Le Pacte d’avenir pour la Bretagne signé le 13 décembre 2013 entre l’Etat et la région Bretagne, prévoyait une convention spécifique pour assurer l’avenir de la langue bretonne.
Nous dévoilons aujourd’hui (document joint) le projet qui sera soumis au vote des conseillers régionaux le 15 octobre lors de la dernière session du Conseil régional de Bretagne.
Loin de constituer une avancée pour permettre un avenir à la langue bretonne, ce projet ne porte aucun engagement concret de la part de l’Etat et se résume à des voeux pieux émis par le Conseil régional. Plus grave, cette convention comporte même des reculs pour la transmission de la langue bretonne.
Ainsi, le seuil de 15 élèves entre 3 et 5 ans requis pour l’ouverture de classes bilingues (simple disposition interne au rectorat jusqu’alors) se retrouve ainsi gravée dans le marbre ou dans le granit (en excluant au passage les 2 ans qui ne pourront donc plus compter pour la prise en compte de ce seuil). Grand seigneur, l’Etat précise que « le recteur dispose d’un pouvoir d’appréciation pour revoir à la marge les seuils », renforçant ainsi le fait du Prince.
Dans les faits, cela rendra donc quasi impossible la création de nouvelles classes bilingues !
Nous dénonçons cette discrimination qui freinera considérablement la transmission de la langue en Bretagne alors que ce seuil n’existe pas au Pays Basque (où un tiers des enfants sont désormais scolarisés en filière bilingue), ni en Alsace qui vient de signer une nouvelle convention-cadre avec l’Etat sur l’enseignement bilingue et encore moins en Corse où la convention Etat – Collectivité territoriale prévoyait que l’organisation d’un enseignement bilingue soit généralisée dans toute les écoles maternelles en sept ans (2007-2013).
L’objectif affiché en Bretagne est pourtant d’atteindre 20 000 élèves en filières bilingues en 2020. Ce qui est très modeste car cela représente seulement 3% des élèves de l’académie du 1er et 2nd degré. Cet objectif reste en outre le même que celui initialement fixé pour 2010 dans le premier plan de politique linguistique de la région, en 2004 ! Les dispositions mises en place par cette convention relève donc soit de l’angélisme soit de la mauvaise foi la plus totale ! Sans plan programmé et structuré avec une carte scolaire prévisionnelle d’ouvertures de classes pour l’enseignement bilingue, il est irréaliste !
A titre de comparaison, la convention-cadre signée en mars 2015 par l’Etat et la région Alsace et les deux départements alsaciens pose par exemple comme objectif de passer de 13 à 25 % d’élèves dans ce cursus à l’entrée en classe de 6ème à l’horizon 2030 . La procédure d’ouverture des sites bilingues a été mise en place et publiée par l’académie de Strasbourg, avec un calendrier connu de tous les acteurs (A la rentrée 2015, 63 classes bilingues de plus dans le 1er degré ont été comptabilisées ainsi que 8 nouveaux collèges assurant la continuité de la filière bilingue).
Rien de tout cela dans la convention pour la Bretagne ! Au contraire, la convention met comme objectif prioritaire de remplir les 5 700 places estimées vacantes (sur quels critères ?) dans les classes bilingues existantes. Une façon claire et nette de refuser toute nouvelle ouverture !
Aucune avancée n’est non plus prévue sur des dossiers symboliques tels que la prise en compte de la langue bretonne dans la vie publique et notamment dans les gares SNCF ou la signalétique des voies express. La langue bretonne continuera ainsi à être exclue de la vie quotidienne des bretons alors qu’une demande sociale forte existe.
Rien non plus en matière d’offre audiovisuelle régionalisée comme évoquée précédemment dans le Pacte d’Avenir pour la Bretagne de 2013. Un simple rappel que France Télévisions est porteur d’un projet de chaîne régionale avec beaucoup de conditionnel…
On n’a pas avancé d’un iota depuis plus de 2 ans ! Comment l’accepter ?
Nous attendons donc des conseillers-ères régionaux qu’ils refusent d’autoriser la signature d’une telle convention entre l’Etat et la région Bretagne, conformément à l’avis du Conseil culturel de Bretagne rendu à l’unanimité ce week-end !
Nous rappelons en outre les propositions formulées par notre collectif Ai’ta! par courrier au président du Conseil régional.
Nous demandons par ailleurs à l’ensemble des candidats en lice pour les prochaines élections régionales de se positionner sur ce projet de convention, et notamment sur les suites qu’ils y consacreraient en cas d’élection.
Merci de diffuser ce message auprès de vos relations.
A galon,
Strollad Ai’ta!
contact@aita.bzh