Les 1er et 2 mars 2016 auront lieux des élections à l’Université de Bretagne Occidentale (UBO) afin de renouveller le Conseil d’adminsitration. Il y a trois candidats à la présidence de l’université, Pascal Olivard ne pouvant se représenter : Matthieu Gallou, Pascal Gente et Fabrice Huret.
A l’initative du collectif Aita!, un courrier commun leur a été adressé pour les interroger sur leur politique en faveur de la langue et de la culture bretonnes s’ils sont élus. Le courrier a été cosigné par le collectif Ai’ta !, Setu !, Sked, Canal Ti Zef et Brezhoneg e Brest.
Nous avons également adressé ce courrier aux organisations se présentant pour représenter les étudiants : FédéB et UNEF.
Ci-dessous nous reproduisons les réponses qui nous sont parvenues (les questions en italique, les réponses en orange).
Réponses de Fabrice Huret
Messieurs,
Vous êtes candidats à la présidence de l’UBO, et à ce titre nous souhaitons par la présente attirer votre attention sur la langue et la culture bretonnes. En effet, alors que l’enseignement bilingue se développe fortement depuis plusieurs décennies en Bretagne, la situation du breton reste périlleuse en Bretagne et son avenir incertain. De nombreuses actions sont donc urgentes et nécessaires afin de valoriser la langue au quotidien, donner confiance aux locuteurs et susciter l’intérêt du plus grand nombre. Si la prise en compte de la langue bretonne dans la vie de l’UBO semble aujourd’hui chose possible, il n’en reste pas moins qu’une véritable politique, volontaire et cohérente, doit être consolidée. C’est pourquoi nous souhaitons vous interroger sur la place que vous accorderez à la langue et à la culture bretonnes si vous êtes élus.
L’une des missions essentielles de l’UBO doit être de promouvoir, diffuser et défendre la culture bretonne voire même celtique. C’est une place de leader que nous devons revendiquer dans ce domaine au niveau de l’arc atlantique qui s’étend de l’Ecosse à la Galice mais aussi au delà. Le rayonnement du Centre de Recherche Bretonne et Celtique est pour cela un atout considérable. A Brest, la mer fait partie de notre patrimoine naturel, mais de toute évidence, la culture bretonne aussi.
1/ Quelle serait votre politique en matière de visibilité et d’utilisation de la langue bretonne au sein de l’UBO ? Développeriez-vous la signalétique bilingue français-breton, comme c’est déjà le cas dans certains bâtiments ? A l’image de Rennes 2, signerez-vous la charte « Ya d’ar brezhoneg » proposée par l’Office Public de la Langue Bretonne ?
En février 2009, alors que j’étais conseiller municipal de la ville de Guipavas, nous avions décidé de signer la charte « Ya d’ar brezhoneg ». Oui, l’UBO signera cette charte. Une signalétique bilingue existe déjà, il s’agira de la développer.
2/ L’UE 5 / UE de langue en breton, n’est actuellement ouverte qu’aux étudiants de l’UFR Lettres et Sciences Humaines. La généraliserez-vous ?
Nous pouvons la généraliser sous forme d’une UE libre, accessible à tous, sans aucun problème.
3/ Etes-vous favorable à l’introduction des sports traditionnels bretons (gouren, football gaélique…) dans la liste des sports proposés par le SUAPS ?
Là aussi comment ne pas citer Guipavas, siège d’un club de Gouren qui par ailleurs fait la une de la presse ce jour. En effet c’est à Guipavas que se déroulera, dimanche 21/02, la finale du challenge de Bretagne de Gouren. Ce sport est pratiqué en Angleterre, en Écosse, en Espagne, en Sardaigne, en Pologne, même en Afrique. Je suis favorable à ce que ces sports soient proposés par le SUAPS. Nous pouvons compter sur des compétences locales.
4/ La loi d’orientation et de programmation pour la refondation de l’école du 8 juillet 2013, dite loi Peillon, indique à propos des langues régionales que « leur enseignement est favorisé ». D’autre part, la nouvelle convention Etat-région pour la transmission des langues de Bretagne indique que, dès 2016, 15% des postes d’enseignant ouverts au concours seront des postes bilingues, avant d’atteindre 20% d’ici 2020. Or, les étudiants se destinant aux métiers de l’enseignement bilingue français-breton reçoivent une formation exclusivement en français après le baccalauréat, ce qui n’est pas propice à un parcours cohérent. Etes-vous favorable à l’introduction de modules d’enseignement thématique (histoire, géographie, biologie…) en langue bretonne dans les différents parcours de formation ?
Cela me semble cohérent pour les étudiants se destinant aux métiers de l’enseignement bilingue français-breton. Cela implique d’identifier et renforcer cette filière spécifique. Nous pouvons imaginer une expérimentation progressive pour un parcours donné. Comme l’enseignement à l’université est très spécialisé, ce posera alors la question de trouver l’enseignant voire l’enseignant chercheur maitrisant sa discipline et la langue bretonne. Un travail de réflexion devra être mené avec l’ESPE de Bretagne qui propose d’ores et déjà une spécialité « parcours professorat des écoles bilingues ».
5/ Favoriserez-vous l’intégration de la langue bretonne au fonctionnement de l’Université Bretagne Loire ?
Certainement en espérant que nos amis nantais seront des alliés de poids au niveau de la région pays de Loire.
6/ Appuieriez-vous la proposition visant à développer au sein de l’ESPE de Bretagne un module d’initiation à la langue et culture bretonnes pour l’ensemble des futurs enseignants monolingues ?
Je milite (profession de foi) pour une plus grande autonomie et visibilité de l’ESPE de Bretagne. Je me garde donc de répondre à cette question à la place du directeur de cet établissement.
Réponses de Pascal Gente
Je vais répondre point par point à l’ensemble de la problématique que vous posez. Nous sommes en effet une université à la pointe de la Bretagne où le breton et la culture bretonne a toujours été au coeur de nos préoccupations. J’en veux pour preuve qu’un de nos plus anciens laboratoires de recherche de l’UBO est le Centre de recherche breton et Celtique (CRBC). C’est une unité que nous défendons à chaque évaluation et que nous accompagnons dans son développement depuis de nombreuses années. C’est une unité qui a vu une augmentation de ses effectifs au cours des dernières années. Ce sont aussi des moyens d’accompagnement à ce laboratoire important, notamment pour son centre de documentation unique en France sur la culture bretonne et celtique, aussi écrite qu’oral qui est un des aspects essentiels de la culture et de la langue bretonne.
En termes de formations, je répondrai sous vos questions aux différents items.
1/ Quelle serait votre politique en matière de visibilité et d’utilisation de la langue bretonne au sein de l’UBO ? Développeriez-vous la signalétique bilingue français-breton, comme c’est déjà le cas dans certains bâtiments ? A l’image de Rennes 2, signerez-vous la charte « Ya d’ar brezhoneg » proposée par l’Office Public de la Langue Bretonne ?
La politique en matière de de visibilité et d’utilisation de la langue bretonne peut passer en effet d’une part par un affichage bilingue comme vous le mentionnez dans toutes les composantes, mais aussi accompagner les initiatives de soirées autour de la langue et la culture, dont une partie pourrait être faite en breton, de par l’accompagnement de spectacles en langue bretonne à l’initiative d’étudiants, etc …
Pour la charte, dont je n’ai pas aujourd’hui tous les tenants et aboutissants, ce sujet pourra être soumis à une délibération du conseil d’administration après avoir été discuté au sein des conseils de composantes.
2/ L’UE 5 / UE de langue en breton, n’est actuellement ouverte qu’aux étudiants de l’UFR Lettres et Sciences Humaines. La généraliserez-vous ?
Oui, il me semble logique d’ouvrir cette UE à l’ensemble de nos étudiants
3/ Etes-vous favorable à l’introduction des sports traditionnels bretons (gouren, football gaélique…) dans la liste des sports proposés par le SUAPS ?
Oui c’est quelque chose qui peut facilement s’envisager. Toutefois il faudra aussi trouver les intervenants qui puissent assurer une activité régulière de ces sports traditionnels. C’est le conseil du SUAPS qui devra délibérer sur cette question.
4/ La loi d’orientation et de programmation pour la refondation de l’école du 8 juillet 2013, dite loi Peillon, indique à propos des langues régionales que « leur enseignement est favorisé ». D’autre part, la nouvelle convention Etat-région pour la transmission des langues de Bretagne indique que, dès 2016, 15% des postes d’enseignant ouverts au concours seront des postes bilingues, avant d’atteindre 20% d’ici 2020. Or, les étudiants se destinant aux métiers de l’enseignement bilingues français-breton reçoivent une
formation exclusivement en français après le baccalauréat, ce qui n’est pas propice à un parcours cohérent. Etes-vous favorable à l’introduction de modules d’enseignement thématique (histoire, géographie, biologie…) en langue bretonne dans les différents parcours de formation ?
C’est un point délicat, car d’une part nous voulons renforcer nos parcours à l’international d’une part, et d’autre part beaucoup d’étudiants ne sont pas bretons ou ne maitrise absolument pas la langue bretonne. De plus, beaucoup de disciplines ont des mots, souvent très anglophones d’ailleurs, très spécifiques. Les traduire en breton n’auraient pas beaucoup de sens.
5/ Favoriserez-vous l’intégration de la langue bretonne au fonctionnement de l’Université Bretagne Loire ?
Cela est plus que délicat. L’université Bretagne – Loire est sur deux régions. D’autre part, je ne crois pas que beaucoup de personnes dans l’ensemble de ces établissements maitrisent la langue bretonne. En clair, cela me parait infaisable.
6/ Appuieriez-vous la proposition visant à développer au sein de l’ESPE de Bretagne un module d’initiation à la langue et culture bretonnes pour l’ensemble des futurs enseignants monolingues ?
L’ESPE est aujourd’hui dans une phase complexe au niveau de son développement et de son positionnement. Si l’ESPE a les moyens de développer un module d’initiation à la langue et à la culture bretonne, tout est possible, mais il ne faut que l’ESPE espère de moyens supplémentaires pour le faire.
Réponses de Matthieu Gallou
1/ Quelle serait votre politique en matière de visibilité et d’utilisation de la langue bretonne au sein de l’UBO ? Développeriez-vous la signalétique bilingue français-breton, comme c’est déjà le cas dans certains bâtiments ? A l’image de Rennes 2, signerez-vous la charte « Ya d’ar brezhoneg » proposée par l’Office Public de la Langue Bretonne ?
En tant qu’ancien Doyen de l’UFR Lettres et Sciences Humaines, je me suis toujours félicité de l’effort réalisé dès la construction de Segalen en matière de signalétique bilingue. C’est quelque chose que nous devons poursuivre à chaque fois que nous construisons un nouveau bâtiment.
Je suis par ailleurs tout à fait disposé à proposer au conseil d’administration de l’UBO la signature de la charte « Ya d’ar brezhoneg ».
2/ L’UE 5 / UE de langue en breton, n’est actuellement ouverte qu’aux étudiants de l’UFR Lettres et Sciences Humaines. La généraliserez-vous ?
Cette UE n’existe de fait qu’à l’UFR Lettres mais elle est déjà théoriquement ouverte aux étudiants de certaines autres composantes, qui ne le savent hélas pas forcément. De même, il existe dans le pannel des UE libres de licence des cours qui concernent l’Histoire de la Bretagne ou la culture bretonne. C’est une offre que je soutiendrai et encouragerai.
3/ Etes-vous favorable à l’introduction des sports traditionnels bretons (gouren, football gaélique…) dans la liste des sports proposés par le SUAPS ?
Pourquoi pas, si nous avons au SUAPS des enseignants capables de les encadrer. La question méritera d’être posée au conseil des sports de l’UBO.
4/ La loi d’orientation et de programmation pour la refondation de l’école du 8 juillet 2013, dite loi Peillon, indique à propos des langues régionales que « leur enseignement est favorisé ». D’autre part, la nouvelle convention Etat-région pour la transmission des langues de Bretagne indique que, dès 2016, 15% des postes d’enseignant ouverts au concours seront des postes bilingues, avant d’atteindre 20% d’ici 2020. Or, les étudiants se destinant aux métiers de l’enseignement bilingues français-breton reçoivent une formation exclusivement en français après le baccalauréat, ce qui n’est pas propice à un parcours cohérent. Etes-vous favorable à l’introduction de modules d’enseignement thématique (histoire, géographie, biologie…) en langue bretonne dans les différents parcours de formation ?
Dans la situation actuelle de nos moyens, vous posez là une question complexe : le désengagement financier de l’Etat, ainsi que la baisse des ressources des collectivités bretonnes m’empêche de vous garantir que nous aurons demain les moyens d’ouvrir de tels modules. Il est cependant tout à fait envisageable de sonder les étudiants pour connaître leurs souhaits en la matière et aussi veiller à ce que nous disposions d’enseignants ou enseignants-chercheurs capables d’enseigner leur discipline en breton. Cela fera partie des missions qui seront confiées au (à la) futur-e chargé-e de mission “langue et culture bretonnes” que j’entends nommer si je suis élu.
De même, j’ai lancé depuis plusieurs années avec le département “LEA” de l’UFR Lettres un projet de création, à terme, d’une licence “LERA” pour “langues étrangères et régionales appliquées” qui permettrait aux étudiants de s’inscrire en anglais-breton alors qu’il n’ont aujourd’hui le choix qu’avec anglais-espagnol, anglais-allemand ou anglais-chinois. C’est une démarche de longue haleine, qui doit recueillir l’accord de l’Etat (puisqu’il s’agit d’un diplôme national) mais qui est soutenue aussi par Jean-Yves Le Disez. Je pense que nous avons une chance de faire avancer cette idée à l’horizon 2020 et espère que nous aurons aussi le soutien de collectifs comme Ai’ta dans cette démarche.
5/ Favoriserez-vous l’intégration de la langue bretonne au fonctionnement de l’Université Bretagne Loire ?
Pas de réponse
6/ Appuieriez-vous la proposition visant à développer au sein de l’ESPE de Bretagne un module d’initiation à la langue et culture bretonnes pour l’ensemble des futurs enseignants monolingues ?
Pas de réponse
Réponses de la FédéB
L’association Setu ! étant adhérente à la Fédé B nous avons déjà eu l’occasion de nous pencher sur la question.
Nous sommes globalement en accord avec cette charte, je vous fait ici un listing des points que nous mettrons en avant dans notre profession de foi détaillée :
-> Signature de la charte « Ya d’ar brezhoneg » par l’UBO
-> Généralisation de l’accès à l’UE de langue en breton
-> Développement des sports traditionnels au SUAPS
Pour ce qui est du fonctionnement de l’ESPE et de la mise en place de module thématique dans le cadre des formations, il s’agit là de propositions dont notre réseau d’associations et d’élus maitrisent mal les tenants et les aboutissants. Ces points ne figureront pas directement dans la profession de foi de nos candidats même si a première vue il ne me semble pas impossible de travailler à ce niveau. Peut-être pourrons-nous travailler ensemble plus tard dans l’année à l’heure mise en application.
Concernant l’utilisation de la langue Bretonne dans le cadre du fonctionnement de l’UBL, notre liste de représentants sera construite avec les fédérations étudiantes de Nantes, Angers, Bretagne-Sud et de Rennes. Nous ne pouvons pas tout de suite prendre des engagements de ce coté.
Bien cordialement,
Vincent SIMON
Président de la Fédé B