24
Mai
2021

Brûlons la Constitution!

Car on ne se taira pas!

Le Conseil Constitutionnel vient de rendre une décision lourde de conséquences pour la langue bretonne.

9 personnes, siégeant à Paris, non élues et non concernées par nos langues, ont donc choisi une interprétation intégriste de l’article 2 de la Constitution qui stipule que “La langue de la République est le français”. Rappelons que le recours a été initié par le gouvernement français et permis par le Président de la République qui a attendu le dernier jour pour ratifier la loi. Notons également qu’il n’a même pas été permis aux porteurs de la loi de la défendre auprès du Conseil Constitutionnel. Et pour couronner le tout, l’article 62 de la Constitution indique que “ Les décisions du Conseil constitutionnel ne sont susceptibles d’aucun recours. Elles s’imposent aux pouvoirs publics et à toutes les autorités administratives et juridictionnelles”.

Cette décision est contraire aux droits de l’homme et totalement anti-démocratique. En effet, la loi Molac a été votée par l’ensemble des député⋅e⋅s breton⋅ne⋅s et 73 % des breton⋅ne⋅s souhaitent plus d’enseignement du breton à l’école (Cf. étude socio-linguistique menée en 2018).

D’autres décident donc pour nous ! La seule chose que l’on souhaite pourtant, c’est la possibilité de parler notre langue, celle que nos parents nous ont transmis ou que l’on a appris à l’école, et la transmettre à nos enfants. Nous ne souhaitons rien imposer à qui ce soit, et cela ne retirerait aucun droit ni aucune liberté à d’autres personnes.

Les écoles Diwan deviennent donc illégales. La pédagogie de l’immersion est interdite, c’est-à-dire, la seule méthode vraiment efficace pour maîtriser la langue bretonne en plus de la langue française et d’autres langues, dans une société où la langue française est omniprésente. L’État vient donc aujourd’hui casser ce qui fonctionne avec Diwan depuis 1977. Cela va même plus loin, il est désormais interdit de parler breton dans les établissements scolaires ou dans les administrations. Il est interdit de donner des prénoms bretons à ses enfants… Mais la langue bretonne, n’est pas le latin ou le grec ancien ! Son enseignement n’a de sens que si elle peut être parlée et écrite dans tous les domaines de la vie. Les conséquences à venir seront lourdes. Cette décision empêche la langue bretonne de vivre, d’être pratiquée au quotidien. Cela nous rappelle les heures sombres de la 3ème République, à l’époque de la colonisation, où l’éradication de nos langues était assumée par l’État et où nos grand-parents étaient punis pour avoir parlé leur langue maternelle.

Il est donc clair depuis le 21 mai que l’avenir de la langue bretonne n’est pas compatible avec la Constitution française telle qu’elle est. C’est soit ce que nous sommes, soit la constitution. Et nous ne nous tairons pas ! Un statut officiel est donc nécessaire pour la langue bretonne.

La législation doit s’adapter à ce qui est légitime, pas l’inverse. C’est le fondement des sociétés démocratiques. La Constitution française ne peut pas rester telle qu’elle est.

Elle est d’ailleurs régulièrement modifiée. Ce fut le cas 18 fois depuis 1992, date à laquelle la phrase indiquant dans l’article 2 que « La langue de la République est le français » a été ajoutée. Cet article a déjà été utilisé en 1999 contre la ratification de la Charte Européenne des langues régionales ou minoritaires, contre Diwan en 2002, pour interdire le tahitien en 2006 et aujourd’hui encore contre les 75 langues minorisées en France.

Toute la solution ne viendra pas pour autant de Paris Nous rappelons aux élu⋅e⋅s des collectivités locales de Bretagne leurs devoirs envers la langue bretonne. Il est nécessaire qu’une véritable politique linguistique soit mise en œuvre par chaque commune, intercommunalité, département et région, ce qui est encore loin d’être le cas.

Face à cet acharnement de l’État et à la faiblesse des politiques linguistiques menées en Bretagne, nous appelons toutes les personnes qui souhaitent que la langue bretonne vive et que l’on puisse vivre en breton, l’utiliser au quotidien y compris dans la vie publique, à participer à la manifestation samedi 29 mai à Guingamp à partir de 13h30.

Nous invitons également à apporter ce qui permettra de brûler symboliquement la Constitution durant la manifestation, afin de lui permettre de renaître démocratiquement de ses cendres, et à notre langue de vivre.

Brezhoneg ofisiel !

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