Le collectif Ai’ta! œuvre depuis 2005 à la reconnaissance des droits linguistiques des Breton·ne·s. Nous souhaitons dénoncer l’attitude discriminatoire d’Enedis Bretagne envers les locuteurs brittophones. En effet, nous avons été saisis par un client d’Enedis, pour un chantier à Lanildut (Léon), pour qui l’entreprise bloque le dossier de raccordement de sa maison au réseau électrique sous prétexte que son chèque d’acompte est libellé en breton.
Depuis les années 1980 le Crédit Mutuel de Bretagne, puis le Crédit Agricole éditent des chéquiers en langue bretonne. Depuis bientôt 100 ans, la Convention internationale de Genève autorise tout personne à rédiger son chèque dans la langue de son choix, comme l’a confirmée à plusieurs reprises la Justice lorsque des affaires ont été portées devant les tribunaux.
Le collectif Ai’ta! a déjà soutenu plusieurs citoyens dans ce type de démarche et à chaque fois les entreprises ont reconnu leur erreur. Nous ne comprenons pas l’obstination d’Enedis à refuser ce qui est un droit, malgré les courriers et courriels très argumentés envoyés par ce client.
Nous appelons le Directeur d’Enedis Bretagne, M. Jean-Philippe Lamarcade, à clarifier immédiatement la situation. Par ailleurs, nous avons porté cette situation à la connaissance du président du Conseil régional de Bretagne, Loïg Chesnais-Girard, et à son équipe, ainsi qu’à Paul Molac, Président de l’Office public de la langue bretonne.
Nous ne laisserons pas des Bretons être lésés et discriminés pour avoir utilisé légitimement notre langue. Nous demandons à Enedis d’accepter ce chèque ainsi que tous ceux libellés en breton et exigeons que l’entreprise présente des excuses instamment à son client et à toutes celles et ceux qui ont été atteints par de tels refus. Enedis doit transmettre des directives claires à ce sujet à ses employés et prestataires.
Cette situation démontre une fois de plus que tant que la langue bretonne n’aura pas de statut officiel en Bretagne, les droits de locuteurs seront ignorés, voire bafoués.
[MAJ 18/01/21] Comme quoi il vaut la peine de se battre et de faire valoir nos droits ! Voici la réponse apportée par une chargée de mission d’Enedis à une journaliste de France Bleu Breizh Izel :
« En vue de votre interview par téléphone avec le collectif Ai’Ta, je vous prie de trouver ci-dessous la réponse de notre Direction régionale Enedis Bretagne :
La Direction Régionale d’Enedis Bretagne est un acteur territorial engagé qui a toujours soutenu les valeurs portées par sa région et ce, sur ses 4 départements.
Le refus d’encaissement d’un chèque libellé en langue bretonne est la conséquence d’une méconnaissance malheureuse de ce droit et vous nous en voyez sincèrement désolés.
Nous avons recontacté le client concerné vendredi dernier afin qu’il renvoie le chèque pour encaissement immédiat.
Au nom de la Direction Régionale d’Enedis Bretagne, nous lui prions d’accepter toutes nos excuses pour ce différend.
Bien cordialement. »
Une histoire qui finit bien mais en aurait-il été de même si notre collectif n’avait pas communiqué cette affaire aux médias ? Nous en doutons fortement… Et pour que ce genre de « différend » ne se produise plus il n’y a qu’une solution : le breton langue officielle !